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Imaginez-vous en train de dépérir à côté de vos poubelles et de vos meubles en décomposition, entouré d’un tas d’objets inutiles. Voilà à quoi peuvent ressembler les personnes âgées qui souffrent d’un cas extrême du syndrome de Diogène. Il s’agit d’une maladie clinique, mais qui nécessite des visites à domicile pour être correctement diagnostiquée – il ne s’agit pas simplement de « vieux fous ». En réalité, les thésauriseurs empilent des objets sans ordre ni méthode ; c’est ce qu’on appelle le symptôme de Diogène. De nombreux types de maladies mentales présentent des similitudes avec ce syndrome : les troubles obsessionnels compulsifs (TOC), la schizophrénie et la démence ainsi que les patients souffrant de lésions cérébrales présentent souvent des traits similaires à cette affection.
Clark en 1975, dans une étude portant sur 30 patients de plus de 65 ans hospitalisés pour une pathologie aiguë et une auto-négligence extrême, ont décrit des conditions de vie de patients extrêmement sales et accumulant toutes sortes d’objets inutiles lorsqu’ils vivaient seuls. Ils ont considéré ce trouble du comportement comme un syndrome qu’ils ont nommé : « syndrome de Diogène ». Cette terminologie fait référence au célèbre philosophe grec Diogène, chef des cyniques et disciple de Socrate. Il avait également des cheveux négligés, assez longs pour atteindre ses genoux. Il ne possédait qu’un sac à manteau et a donc choisi ce style de vie uniquement parce qu’il lui convenait personnellement et non en raison d’un quelconque effort philosophique ou politique comme d’autres philosophes avant lui. Clark et al pensaient que ces auteurs n’étaient pas les premiers à s’y intéresser, mais en fait Mac Millan & Shaw ont publié une étude sur eux en 1966, suggérant pourquoi les gens choisissent ce mode de vie, si vous considérez leurs facteurs de risque (faible niveau de revenu), pensez-vous qu’il y a un lien entre les deux ? Le stress en lui-même n’est pas du tout misérable, sauf si ce qui le provoque est négatif – alors il peut être nuisible !
Le syndrome de Diogène est un trouble du comportement des personnes qui se traduit par deux troubles associés : la négligence et la syllogomanie. -La négligence est l’absence totale d’hygiène personnelle et la syllogomanie est un TOC (trouble obsessionnel compulsif) qui conduit à thésauriser tous les objets et détritus sans prendre en considération leur valeur. La syllogomanie désigne le fait de collectionner ou de ne pas jeter un grand nombre d’objets inutiles même si leur accumulation provoque une gêne importante, tandis que la négligence consiste principalement à se laisser envahir par ses propres déchets et même par ses propres déjections pour se laisser submerger par leur accumulation. Les personnes concernées par le syndrome de Diogène sont pour la plupart âgées de plus de 60 ans et issues de tous les milieux sociaux ; ces individus sombrent peu à peu dans l’auto-négligence car ils se sentent abandonnés après avoir perdu un proche comme un membre de la famille ou un ami.
Environ une personne sur deux atteintes du syndrome de Diogène est également atteinte d’une autre maladie, qui peut être la maladie d’Alzheimer ou la schizophrénie. Cependant, ces maladies associées ne sont pas des facteurs de risque pour le syndrome dit de Diogène. Il est probable que très en amont dans l’enfance – peut-être lors d’une expérience traumatisante – une cause puisse être considérée comme étant un facteur de risque pour les deux maladies à la fois.
Le syndrome de Diogène est probablement dû à un événement traumatique survenu dans la petite enfance. Après avoir vécu de nombreuses années sans particularité, le processus de « diogénèse » peut être déclenché par une séparation ou une perte qui nous donne un sentiment d’abandon et/ou d’impuissance, ou bien il peut provenir d’un changement brusque de situation qui affecte notre sentiment d’identité ou de sécurité. La psychogériatre Louise Crabbe-Korsh explique le trouble comme cette rupture dans la vie où l’on perd toute harmonie avec les objets, le corps et les autres ; ce sont des symptômes visibles issus d’un vieux processus invisible qui dérégule la façon dont on entre en relation avec soi-même et avec les autres. Dans l’antiquité, le syndrome de Diogène a des racines qui remontent à la maison de sa riche famille, lorsque le père de Diogène de Synope s’était enfui pour éviter d’être poursuivi pour avoir laissé de la fausse monnaie à la maison (ce qui a été découvert plus tard). Il a été condamné à mort !
Ces sujets, qui ont souvent gardé leur autonomie, sont souvent identifiés fortuitement lors d’une hospitalisation pour une pathologie médicale aiguë ou par la révélation de leurs conditions de vie par leur entourage familial ou les services sociaux. Il arrive aussi qu’ils soient mis en évidence lorsque quelqu’un se plaint d’eux (de leur puanteur ou de leurs insectes). Cela peut être dû à plusieurs facteurs : ils peuvent être déjà en contact avec les services sociaux avant ce moment ; ils peuvent avoir été reconnus comme handicapés mentaux ; enfin, et plus rarement encore, il est possible que la personne qui se plaint ait elle-même développé ce syndrome.
Le syndrome de Diogène est un état de santé dans lequel les personnes ont envie de renoncer à la vie en raison de leurs mauvaises conditions d(hygiène, mais il n’est pas si facile de se résigner et de vivre n’importe comment. Ce personnage de la Grèce antique avait adopté un mode de vie inhabituel, une vie de vagabond qui lui permettait de se détacher des conventions sociales en négligeant ses besoins physiques. Ce n’est qu’après ce processus de détachement qu’il a décidé de se débrouiller seul, sans l’aide ou le soutien d’autrui, lorsqu’il s’est rendu compte que c’était assez important pour lui – vouloir toute la liberté du monde mais avec des conditions de vie terribles en plus ! Ils avaient abandonné toute idée d’hygiène, ils présentaient des troubles compulsifs tels que l’accumulation immodérée d’objets, de possessions excessives ou même dangereuses. Ils présentaient également un isolement social prononcé. Ces trois critères d’identification sont les plus courants, mais les cas détectés sont beaucoup plus divers que cela.
Les symptômes du syndrome de Diogène varient dans le sens où ils peuvent être soit extrêmes, soit opposés. Les personnes qui souffrent de ce syndrome sont souvent peu soucieuses de leur hygiène personnelle, et les personnes diagnostiquées peuvent sembler obsédées par la propreté. En réalité, il ne semble pas y avoir de comportement correct en ce qui concerne le syndrome de Diogène – il s’agit simplement d’un mode de vie individuel basé sur l’opinion de chacun.
La personne n’a pas trop envie de se débarrasser d’objets, aussi inutiles et sales soient-ils. Elle restera insensible à ces détritus et à cette saleté dans sa maison. Le rangement ou le nettoyage ne font plus partie de leur quotidien, ce qui entraîne des risques importants pouvant mener à l’insalubrité. – La relation avec le corps : il n’y a plus d’hygiène pendant ces périodes ; cela entraîne des problèmes de santé potentiels dus à des maladies potentielles telles que des infections entraînant des maladies ou un manque de propreté entraînant des infections. – La relation avec les autres : la personne a tendance à se couper de son entourage par peur que les gens la jugent négativement lorsqu’elle est malchanceuse plutôt que de lui offrir de l’aide – et aussi parce que c’est plus facile à dire qu’à faire !
Les personnes de 70 à 80 ans qui subissent un stress important dans leur vie peuvent être touchées par le syndrome de Diogène. Les femmes sont plus exposées que les hommes à ce risque car elles ont une durée de vie plus longue. Il est possible que la femme ait été confrontée à un choc émotionnel, ce qui l’a poussée à développer des symptômes de ce trouble après s’être retrouvée seule sans son conjoint. La personne peut également éprouver des sentiments ou des pensées liés à la culpabilité, à la colère et à l’anxiété, non seulement parce qu’elle se sent responsable de la mort de son conjoint, mais aussi parce qu’elle se sent seule. Sa situation médicale et sociale est très délicate. En effet, la personne souffrant du syndrome de Diogène reste dans le déni et la réclusion, ce qui rend difficile la réussite de sa démarche. Si de mauvaises mesures sont prises, cela aura des répercussions négatives irréversibles sur la vie de l’individu.
Diagnostiquer une personne atteinte du syndrome de Diogène peut être très difficile car elle est souvent seule et isolée. Une intervention est nécessaire lorsque le mode de vie de la personne devient compliqué, par exemple lorsqu’elle a trop de personnes en désaccord avec elle ou lorsqu’elle se retrouve dans des situations qui lui causent d’autres problèmes. Une première étape pour aborder l’état du patient serait de se concentrer sur ses dispositifs d’action de coordination (DAC), ses plateformes territoriales d’appui (PTA), ses centres locaux d’information et de coordination (CLICS), ou ses maisons de l’autonomie et de l’intégration des malades d’Alzheimer si une pathologie associée est présente.
Lorsque la pathologie est avérée, après une évaluation psychologique et médicale, c’est-à-dire lorsque la cause de cette maladie est due à l’alcoolisme ou à une démence de type Alzheimer, une hospitalisation en gériatrie est nécessaire dans la plupart des cas selon le protocole de traitement suggéré par les médecins spécialisés dans les maladies telles que celles mentionnées ci-dessus entre autres – un EHPAD par exemple serait nécessaire pour suivre une personne au long de sa vie avec des problèmes psychiatriques. Si votre médecin détecte également un trouble paranoïaque ou une schizophrénie, vous devez cependant être admis dans un établissement psychiatrique car cela nécessite des soins plus spécialisés que ceux dont disposent les hôpitaux gériatriques.
Concernant le syndrome de Diogène, la situation est beaucoup plus difficile à gérer lorsque le diagnostic n’a pas été posé avec clarté et professionnalisme. Lorsqu’une personne entre dans cette catégorie, il n’y a pas d’obligation de traitement. Dans ce cas, il faut être prudent dans la prise en charge de la situation, car cela peut conduire au stress et à la dépression si cela est mal fait, comme le fait de passer de l’isolement à la négligence en matière d’hygiène personnelle – qui sont des choses qui peuvent causer des maladies en elles-mêmes !
La première étape dans le traitement du syndrome de Diogène est de signaler le cas. Lorsque des complications surviennent, par exemple lorsque les personnes entassent des objets lourds, putrescibles et inflammables à l’intérieur même de leur logement ou lorsque la situation met en danger à la fois eux-mêmes et leur entourage, les choses sont allées trop loin ! D’autre part, la gestion de ces situations pour les individus concernés peut être difficile car souvent ils ne se sentent plus en sécurité en vivant ainsi ; leur réaction individuelle à une traitement éventuel dépend de la profondeur du trouble du stress auquel cette personne a été poussée – certaines peuvent résister immédiatement au traitement (mais pas toutes), tandis que d’autres le font plus progressivement sur une longue période. Mais ce type de symptômes s’atténue généralement avec le temps après une intervention.
On estime que la fréquence de cette maladie rare dans sa forme typique est de 5 cas pour 10 000 habitants de plus de 60 ans. En 2010, Monfort estime ce nombre à 1,6 cas pour 10 000 personnes de plus de 50 ans . La quasi-totalité des individus ont plus de 60 ans et l’âge moyen est de 79 ans pour les hommes et 77 ans pour les femmes, certaines études rapportant que des patients plus jeunes peuvent également être touchés. Le sex-ratio montre que les femmes sont plus nombreuses à être diagnostiquées avec le syndrome de Diogène, mais les hommes peuvent également en être atteints à la naissance (75 % des diagnostics). Il touche toutes les classes socio-économiques, ce qui suggère qu’il n’y a pas de cause ou de facteur de risque unique, mais plutôt de nombreux facteurs impliqués dans son développement.
Nettoyer le domicile d’une personne atteinte du syndrome de Diogène peut s’avérer fastidieux. Un protocole très précis est nécessaire, qui comprend trois étapes : le tri, l’élimination des objets non utiles à la vie et la remise en état. Parmi les objets à jeter, on trouve souvent des documents officiels ou des papiers importants qu’il est nécessaire de conserver ; cela prend du temps car les personnes atteintes de ce trouble stockent dans leur environnement de nombreuses choses qui n’auraient pas dû s’y trouver.
Le tri des objets non utiles à la vie est une étape difficile, car les personnes atteintes du syndrome de Diogène ont souvent beaucoup de choses qui leur apparaissent à tort comme précieuses. Le moment le plus délicat est la remise en état, car il faut faire attention à ne pas jeter des objets qui pourraient être réutilisés par la personne atteinte du syndrome de Diogène